Transformer ses données inutilisées en trésor caché

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une capture d'écran de chiffres

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Dans un monde où le volume de données explose, une ressource précieuse reste souvent sous-exploitée : la data inutilisée ou excédentaire des entreprises. Chaque jour, d’innombrables organisations collectent des montagnes d’informations, mais une grande partie de celles-ci demeure inactive, dormant dans des bases de données. Pourtant, cette data, qualifiée de « surplus », peut devenir une aubaine. Alors que les méthodes traditionnelles d’optimisation des revenus atteignent leurs limites, monétiser ces actifs numériques inutilisés ouvre de nouvelles perspectives économiques et stratégiques. Mais quelles stratégies adopter ? Quels sont les secteurs les plus concernés et les précautions à prendre ? Ce dossier complet explore les opportunités, les enjeux et les réussites de la valorisation de ces données sous-exploitées.

La data inutilisée : un gisement d’or méconnu pour les entreprises

Toutes les entreprises produisent et stockent des données, souvent en excès. Il peut s’agir de données clients non exploitées, de statistiques opérationnelles dormant dans des serveurs ou encore d’informations générées par des systèmes connectés. Selon une étude de BigID publiée en 2023, 68 % des données d’entreprise restent inutilisées. Ce constat révèle une problématique cruciale : de nombreuses organisations ne savent pas comment transformer ce surplus en avantage économique.

Certains secteurs sont particulièrement touchés. Les entreprises dans les domaines du retail, des télécoms et du transport, par exemple, génèrent chaque jour des volumes colossaux de données clients, comportementales et transactionnelles. Or, faute d’analyses approfondies ou de solutions adaptées, plus de 50 % de ces informations restent inexploitées, d’après le cabinet McKinsey. Ce phénomène, appelé « data dark », représente un gâchis colossal, mais il cache aussi un potentiel immense.

Le rapport coût-bénéfice de la valorisation des données est un autre argument à considérer. Selon Gartner, les entreprises qui monétisent leurs données excédentaires voient leurs revenus augmenter de 5 à 10 % dès la première année. Par exemple, aux États-Unis, la compagnie ferroviaire Union Pacific a réussi à vendre ses données logistiques excédentaires à des fabricants souhaitant mieux anticiper les chaines d’approvisionnement. Le résultat ? Plus de 300 millions de dollars de revenus supplémentaires en 2022.

Cependant, si exploiter ces données peut se révéler très lucratif, cela nécessite un cadre stratégique précis. L’identification des données pertinentes, leur structuration et leur partage en toute conformité représentent des défis majeurs dans cette démarche.

Le marché de la data : une demande croissante pour des informations riches

Sur le marché mondial, la demande pour des données fiables et exploitables ne cesse de croître. Selon Statista, la valeur du marché des données atteindra plus de 285 milliards de dollars d’ici 2028, soit une augmentation annuelle de 10 %. Des entreprises de tous les secteurs achètent des données pour affiner leurs stratégies, développer des produits personnalisés ou encore mieux cibler leurs campagnes marketing.

Les marketplaces de la data, spécialement conçues pour monétiser les informations inutilisées, se développent rapidement. Des plateformes comme Dawex, Snowflake Marketplace ou Infosum permettent aux entreprises de vendre en toute sécurité des données excédentaires à des acheteurs intéressés. Par exemple, une start-up dans le domaine de la santé pourrait investir dans les données issues d’appareils connectés d’un autre acteur du secteur afin d’optimiser ses recherches médicales.

Les applications pratiques de la data excédentaire sont nombreuses. Dans la finance, les entreprises utilisent des informations transactionnelles pour créer des indicateurs économiques précis. Dans le secteur de l’immobilier, des données géographiques et démographiques peuvent aider à évaluer la valeur des biens dans certains quartiers. Un usage éthique et structuré de ces informations est crucial pour attirer des acheteurs potentiels tout en respectant les réglementations entourant la confidentialité des données.

Cependant, le succès de la monétisation dépend notamment de la qualité et de la fiabilité des données. L’intégrité des informations reste un critère crucial. Selon IDC, 58 % des acheteurs de données placent la qualité au-dessus du coût, ce qui montre l’importance d’une maintenance efficace des actifs numériques.

Réglementations et éthique : un cadre nécessaire pour éviter les dérives

Bien qu’attrayante, la valorisation des données en surplus n’est pas sans risques. L’utilisation et la vente de données sont strictement encadrées par les réglementations nationales et internationales. En Europe, par exemple, le règlement général sur la protection des données (RGPD) imposé en 2018 établit clairement les conditions dans lesquelles les données personnelles peuvent être exploitées. Toute infraction à ces normes peut entraîner des amendes allant jusqu’à 20 millions d’euros, ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial.

Pour respecter ces régulations et éviter les abus, les entreprises doivent mettre en place des systèmes fiables. Ces derniers permettent de garantir l’anonymisation et la protection des informations sensibles. Dans le cas contraire, des scandales médiatiques ou des voix critiques pourraient entacher leur image de marque.

Les questions éthiques représentent également un enjeu majeur. Selon une enquête de Cisco, 85 % des consommateurs souhaitent que leurs données soient traitées de manière responsable. Les cas de mauvaise gestion ou d’exploitation abusive des données perturbent considérablement la confiance des utilisateurs envers les marques concernées. Par exemple, en 2023, un acteur majeur de la tech en Asie a été critiqué pour avoir monétisé des données sans consentement explicite de ses clients, entraînant une perte de 25 % de ses abonnés dans les six mois suivants.

Pour rassurer les parties prenantes, certaines entreprises choisissent d’adopter des démarches transparentes. Elles communiquent ouvertement sur l’usage fait de leurs données ou investissent dans des certifications officielles. C’est notamment le cas d’Orange, qui utilise des solutions éthiques pour monétiser des données liées à la mobilité tout en respectant les normes européennes.

Des exemples concrets de succès dans la monétisation des données

De nombreuses entreprises ont d’ores et déjà réussi à transformer leur surplus de données en une source significative de revenus. Ces exemples permettent de mieux comprendre les gains potentiels ainsi que les meilleures pratiques à adopter.

Le groupe BMW, par exemple, a trouvé un moyen ingénieux de monétiser les données générées par ses véhicules connectés. En partageant ces informations avec des collectivités et des urbanistes, le constructeur allemand contribue à améliorer la gestion du trafic en échange d’importants revenus annuels évalués à plus de 80 millions d’euros. Ce modèle place BMW à l’avant-garde de l’économie de la donnée.

Autre exemple, la société pharmaceutique Pfizer a réussi à analyser et à vendre des données anonymisées liées à des essais cliniques. Ces informations servent à d’autres acteurs de la santé pour optimiser le développement de nouveaux traitements. Ce projet a permis à Pfizer de renforcer sa position dans l’innovation médicale tout en gagnant plus de 200 millions de dollars l’année de la mise en œuvre.

Dans le secteur des télécommunications, Verizon a opté pour une démarche différente. En collectant des données sur les habitudes de consommation de ses abonnés (de façon anonyme), l’entreprise a développé un service destiné aux publicitaires. Ce programme, baptisé « Verizon Media Insights », a généré plus de 500 millions de dollars de revenus en 2023. Ces chiffres démontrent le potentiel massif de la data inutilisée pour les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité.

Ces cas ne sont pas isolés, et ils illustrent une tendance croissante : investir dans la data excédentaire est un levier stratégique de plus en plus prisé, à condition d’en maîtriser le cadre légal et éthique.

Un avenir brillant à condition d’agir avec précaution

Face à l’explosion des volumes de données générées, transformer son surplus en opportunité de croissance devient une nécessité stratégique. Cependant, cet eldorado numérique exige à la fois des investissements en technologie, des efforts pour garantir la transparence et surtout une conformité avec les lois en vigueur.

Des entreprises visionnaires dans divers secteurs ont démontré l’efficacité de la monétisation de la data excédentaire. Le potentiel de nouvelles sources de revenus est immense, mais les lignes directrices sont claires : qualité, respect et innovation.

En adoptant une gestion éthique et compréhensive, les organisations peuvent non seulement explorer de nouvelles opportunités économiques, mais aussi renforcer leur image en tant qu’acteurs responsables de l’économie numérique du futur.