Fonds structurés et assurance-vie : comprendre les modalités d’un investissement diversifié

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L’assurance-vie reste le placement préféré des Français, avec plus de 1 900 milliards d’euros d’encours en septembre 2023, selon France Assureurs. Si les fonds en euros continuent d’offrir sécurité et stabilité, les unités de compte (UC), en particulier les fonds structurés, s’imposent progressivement comme un levier de diversification pour les particuliers. Mais que sait-on réellement des mécanismes, des opportunités et des risques qu’offre ce type d’investissement dans le cadre de l’assurance-vie ? Pour de nombreux investisseurs, les fonds structurés représentent une opportunité unique, mais ils exigent également une compréhension fine de leurs caractéristiques. Cet article plonge en profondeur dans les spécificités des fonds structurés, leur intégration dans les contrats d’assurance-vie, ainsi que leurs atouts et réserves dans un contexte de marchés volatils.

Les fonds structurés : principes et fonctionnement dans l’assurance-vie

Les fonds structurés sont des instruments financiers hybrides. Ils combinent différents actifs et produits dérivés pour offrir un rendement indexé sur la performance d’un sous-jacent ou le respect de certaines conditions. Utilisés de manière croissante dans les contrats d’assurance-vie, ces fonds se positionnent souvent comme une alternative aux placements traditionnels.

La mécanique d’un fonds structuré repose sur une construction en deux parties : une base obligataire assurant une certaine protection du capital et des produits dérivés pour générer un rendement potentiel. Selon le provider Morningstar, cette structuration permet parfois de garantir en totalité ou en partie le capital investi. À titre d’exemple, en 2023, plus de 75 % des fonds structurés proposés dans les contrats d’assurance-vie intégraient une garantie partielle du capital à échéance.

Le choix du sous-jacent joue un rôle clé dans la performance. Il peut s’agir d’indices boursiers (comme le CAC 40 ou le S&P 500), de taux d’intérêt, ou d’autres actifs, comme les matières premières. Par exemple, certains fonds populaires en 2024 misent sur des indices verts ou des indices ESG, répondant aux enjeux environnementaux et sociétaux.

L’intégration des fonds structurés en assurance-vie est facilitée par leur classement en unités de compte. Les investisseurs acceptent ainsi une volatilité accrue en échange d’une perspective de rendement améliorée. En 2023, selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), 22 % des unités de compte incluaient des fonds structurés dans les nouvelles souscriptions d’assurance-vie, témoignant d’un engouement croissant dans un contexte économique incertain.

Opportunités offertes par les fonds structurés en assurance-vie

Les fonds structurés séduisent de nombreux épargnants désireux de diversifier et d’améliorer la performance de leur portefeuille. Plusieurs caractéristiques plaident en leur faveur dans le cadre d’un contrat d’assurance-vie.

Premièrement, ces fonds offrent des rendements souvent plus attractifs que les fonds en euros. En 2023, les rendements moyens des fonds garantis en euros se situaient autour de 1,8 %, tandis que les fonds structurés avec des sous-jacents boursiers atteignaient des gains potentiels supérieurs à 6 % par an, selon l’indice MSCI Europe Structured Products.

Deuxièmement, la possibilité d’intégrer des mécanismes de protection ou de garantie du capital représente un point fort. Les fonds « autocallables », par exemple, permettent de déclencher automatiquement la sortie du produit avec un gain prédéfini si certaines conditions de marché sont remplies (comme une hausse modérée de l’indice sous-jacent). Ces mécanismes séduisent les investisseurs inquiets des soubresauts des marchés financiers.

Troisièmement, l’émergence des thématiques d’investissement innovantes augmente l’attrait des fonds structurés. Les assureurs proposent désormais des produits liés aux énergies renouvelables, à la décarbonation industrielle ou encore à l’intelligence artificielle. Ces thèmes porteurs, souvent plébiscités par la jeune génération, s’intègrent parfaitement dans une stratégie à long terme via l’assurance-vie. En 2023, 43 % des nouvelles émissions de fonds structurés incluaient une composante ESG (Environnement, Social, Gouvernance), un détail souligné par une étude de l’Institut de l’Épargne Financière.

Enfin, leur intégration dans un contrat d’assurance-vie offre des avantages fiscaux certains. Les gains issus des fonds structurés profitent d’une fiscalité favorable propre au cadre d’assurance-vie, particulièrement intéressant pour optimiser la transmission du patrimoine.

Les limites et risques associés à ce type de placement

Malgré leurs atouts, les fonds structurés comportent des risques qui méritent d’être analysés avant tout investissement.

Le premier point sensible réside dans leur complexité. Contrairement aux fonds en euros ou aux actions classiques, un fonds structuré combine de nombreux paramètres souvent difficiles à comprendre pour un épargnant non-averti. La composition et la performance finale dépendent de multiples facteurs externes (évolution des indices, fluctuations des taux, etc.). L’Autorité des marchés financiers a ainsi constaté en 2022 que seuls 38 % des investisseurs de fonds structurés comprenaient leurs mécanismes principaux.

Ensuite, le capital n’est pas systématiquement garanti. Les garanties de protection sont souvent « conditionnelles » et applicables uniquement à la date d’échéance. Si un investisseur retire son capital avant cette échéance, il peut subir des pertes. En 2023, près de 15 % des souscripteurs de fonds structurés ont subi des pertes lors d’un retrait anticipé, selon un rapport de l’AMF.

Par ailleurs, les frais associés à ces produits sont significatifs et souvent dissimulés. Des frais d’entrée, de gestion et de structure peuvent réduire fortement le rendement effectif. Une enquête menée par Better Finance en juin 2023 souligne que certains fonds structurés facturent jusqu’à 6 % de frais annuels, un coût rédhibitoire pour beaucoup.

Enfin, les fonds structurés dépendent de conditions de marché parfois imprévisibles. Une instabilité boursière ou une remontée brutale des taux d’intérêt peuvent affecter négativement leurs performances, voire réduire à néant les gains espérés.

Conseils pour intégrer des fonds structurés dans une stratégie d’investissement

Pour exploiter pleinement le potentiel des fonds structurés au sein d’une assurance-vie, certaines stratégies doivent impérativement être adoptées.

La première étape est de bien évaluer ses objectifs financiers et son horizon d’investissement. Les fonds structurés nécessitent souvent une immobilisation à moyen ou long terme, jusqu’à leur échéance (de 6 à 10 ans en moyenne). Les profils cherchant une liquidité immédiate doivent donc éviter ce type de placement.

Ensuite, la diversification joue un rôle primordial. Placer l’ensemble de son épargne dans des fonds structurés expose à des risques inutiles. Une étude de 2023 de l’Institut Français de l’Épargne souligne que les portefeuilles combinant au moins quatre types d’actifs différents avaient de meilleures performances ajustées au risque que ceux sur-concentrés en fonds structurés.

La sélection du contrat d’assurance-vie est également essentielle. Tous les contrats n’offrent pas d’accès à des fonds structurés performants ou bien construits. Les assureurs haut de gamme, souvent accessibles via des CGP (conseillers en gestion de patrimoine), proposent des produits plus qualitatifs. Quelques émetteurs, comme Goldman Sachs ou Société Générale, sont particulièrement renommés sur ce marché.

Enfin, si vous envisagez un tel investissement, une information proactive est essentielle. Consultez les fiches explicatives, les brochures et les simulations de rendement pour comprendre le scénario pessimiste. Engagez également un conseiller pour bien comprendre les impacts spécifiques de ce type de produit sur votre situation globale.

Les fonds structurés, intégrés aux contrats d’assurance-vie, se présentent comme des outils de diversification puissants et attractifs dans une période où les rendements traditionnels peinent à séduire. Leur potentiel de performance et leurs thématiques innovantes séduisent un public croissant. Cependant, leur complexité et les risques qu’ils comportent exigent une approche rigoureuse et éclairée de la part des investisseurs. En 2024, dans un contexte de marchés nerveux et incertains, leur rôle pourrait devenir encore plus crucial pour ceux cherchant à équilibrer performance et sécurité.