L’Essor Méconnu du Private Equity : Clés pour Investir et Réussir

·

Partager cet article :

En plein essor depuis plusieurs décennies, le private equity s’impose aujourd’hui comme un levier majeur de financement pour les entreprises non cotées. Avec des investissements mondiaux atteignant 4 500 milliards de dollars en 2022, selon Preqin, ce secteur attire de plus en plus l’attention des investisseurs en quête de rendements élevés. Pourtant, le fonctionnement du capital-investissement reste méconnu du grand public. Quels sont ses principes fondamentaux ? Comment les investisseurs peuvent-ils y participer et quels en sont les risques et opportunités ? Plongeons au cœur du private equity pour décrypter ses mécanismes et découvrir les méthodes pour y investir efficacement.

Les fondamentaux du private equity : investir dans les entreprises non cotées

Le private equity, ou capital-investissement, consiste à investir des capitaux dans des entreprises non cotées en bourse avec pour objectif principal de réaliser une plus-value lors de la cession future des participations. En France, ce secteur a connu une croissance de 14 % en 2021, d’après France Invest, témoignant de son dynamisme et de son importance croissante dans l’économie.

Les investisseurs en private equity apportent non seulement des fonds, mais aussi une expertise stratégique et un réseau professionnel aux entreprises ciblées. Ils accompagnent activement les dirigeants pour stimuler la croissance, optimiser la performance opérationnelle ou orchestrer des restructurations nécessaires. Cette collaboration étroite vise à augmenter la valeur de l’entreprise sur le long terme.

Contrairement aux investissements en bourse, le private equity implique une participation illiquide avec un horizon d’investissement généralement compris entre 5 et 10 ans. Les investisseurs doivent donc être prêts à immobiliser leurs capitaux sur cette durée, en échange de rendements potentiellement supérieurs.

Les différents types de fonds de private equity et leurs stratégies spécifiques

Le monde du private equity est diversifié, avec plusieurs types de fonds adoptant des stratégies d’investissement adaptées aux stades de développement des entreprises et aux objectifs des investisseurs.

 Fonds de buyout : maîtriser les acquisitions d’entreprises établies

Les fonds de buyout se concentrent sur l’acquisition d’entreprises matures, souvent via des opérations de rachat par effet de levier, ou LBO (Leveraged Buy-Out). Ces fonds utilisent une combinaison de capitaux propres et de dettes pour financer l’achat, maximisant ainsi le potentiel de rendement sur les fonds propres investis.

En 2022, les LBO ont représenté plus de 60 % des transactions de private equity en Europe, selon PitchBook. Un exemple notable est le rachat de la société française Ceva Santé Animale par un consortium d’investisseurs mené par Temasek, valorisant l’entreprise à plus de 5 milliards d’euros. Les fonds de buyout visent à améliorer la performance des entreprises acquises en optimisant leur efficacité opérationnelle, en élargissant leur présence géographique ou en consolidant leur position sur le marché.

Fonds de venture capital : soutenir les startups innovantes en phase initiale

Le venture capital, ou capital-risque, est dédié au financement de startups et d’entreprises innovantes en phase de démarrage ou de première croissance. Ces fonds acceptent un niveau de risque élevé en échange d’un potentiel de croissance exponentiel.

En 2021, les investissements en venture capital ont atteint un record de 643 milliards de dollars dans le monde, selon Crunchbase. En France, des startups comme Back Market ou Alan ont levé respectivement 450 et 185 millions d’euros, grâce à des fonds de venture capital. Ces investissements permettent aux jeunes entreprises de financer la recherche et développement, le recrutement de talents clés et l’expansion sur de nouveaux marchés.

Fonds de growth equity : accélérer la croissance des entreprises en expansion

Les fonds de growth equity ciblent des entreprises déjà établies, générant des revenus significatifs, mais ayant besoin de capitaux pour accélérer leur croissance. Ces entreprises cherchent à développer de nouveaux produits, pénétrer de nouveaux marchés ou réaliser des acquisitions stratégiques.

Par exemple, en 2020, le fonds américain General Atlantic a investi 150 millions d’euros dans la plateforme française de bricolage en ligne ManoMano pour soutenir son expansion européenne. Les fonds de growth equity prennent des participations minoritaires ou majoritaires, en s’impliquant dans la stratégie sans nécessairement contrôler la gestion quotidienne.

Fonds de distressed securities : investir dans les entreprises en difficulté pour une potentielle reprise

Les fonds de distressed securities, ou fonds de retournement, investissent dans des entreprises en difficulté financière, parfois proches de la faillite. L’objectif est de restructurer la société, redresser ses finances et profiter d’une revalorisation significative en cas de succès.

Ce type d’investissement est risqué mais peut offrir des rendements élevés. En 2021, le marché européen des distressed securities a représenté environ 50 milliards d’euros, selon Deloitte. Les fonds de retournement jouent un rôle crucial en sauvant des emplois et en préservant des acteurs économiques essentiels dans certains secteurs.

Les méthodes d’investissement en private equity pour les investisseurs particuliers

Longtemps réservés aux investisseurs institutionnels, les investissements en private equity s’ouvrent progressivement aux particuliers. Plusieurs méthodes permettent désormais à ces derniers d’accéder à ce marché attractif.

Investissement direct : le rôle actif des business angels

L’investissement direct consiste pour les particuliers à investir directement dans le capital d’entreprises non cotées, généralement des startups ou des PME innovantes. En devenant business angels, ces investisseurs apportent non seulement des fonds, mais aussi leur expertise, leurs conseils et leur réseau professionnel.

Selon France Angels, le réseau national des business angels, plus de 5 500 investisseurs ont financé 436 startups en 2022, pour un montant total de 63 millions d’euros. Ce mode d’investissement permet une implication directe dans le développement de l’entreprise, avec un potentiel de rendement élevé, mais également un risque important de perte en capital.

 Investir via des fonds de private equity accessibles aux particuliers

Les particuliers peuvent également investir dans des fonds de private equity gérés par des sociétés de gestion spécialisées. Ces fonds collectent des capitaux auprès d’un ensemble d’investisseurs pour constituer un portefeuille diversifié d’entreprises non cotées.

Certaines sociétés de gestion proposent des fonds spécifiques pour les particuliers, avec des tickets d’entrée plus accessibles, parfois à partir de 100 000 euros. Des plateformes en ligne comme Moonfare ou Alpian démocratisent l’accès à ces fonds, en permettant des investissements à partir de 50 000 euros.

FIP, FCPI et FCPR : des fonds avec des avantages fiscaux attractifs

En France, les Fonds d’Investissement de Proximité (FIP), les Fonds Communs de Placement dans l’Innovation (FCPI) et les Fonds Communs de Placement à Risques (FCPR) sont des véhicules d’investissement réglementés permettant aux particuliers d’investir en private equity tout en bénéficiant d’avantages fiscaux.

En investissant dans des FIP ou des FCPI, les particuliers peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu allant jusqu’à 25 % du montant investi, dans la limite de certains plafonds. En 2021, ces fonds ont collecté plus de 1,3 milliard d’euros, selon l’Association Française de la Gestion financière (AFG). Ces véhicules offrent une diversification du portefeuille et un soutien au financement de l’économie locale et innovante.

Les sociétés de private equity cotées : une alternative pour accéder au marché

Certaines sociétés de gestion de private equity sont cotées en bourse, permettant aux investisseurs d’acquérir leurs actions et de participer indirectement à leurs portefeuilles d’investissement. En France, des acteurs comme Eurazeo, Wendel ou Tikehau Capital offrent cette opportunité.

Investir dans ces sociétés combine les avantages du private equity avec la liquidité des marchés boursiers. Les investisseurs bénéficient des performances du portefeuille de la société tout en pouvant acheter ou vendre leurs actions à tout moment. Toutefois, la valorisation boursière peut être influencée par des facteurs externes et ne reflète pas toujours la valeur intrinsèque des actifs sous-jacents.

Le crowdfunding equity : le financement participatif en capital pour les petits investisseurs

Le crowdfunding equity est une méthode d’investissement participatif qui permet aux particuliers d’investir de petits montants dans des startups ou des PME en échange de parts du capital. Des plateformes en ligne comme Wiseed, Sowefund ou Lita.co facilitent ces investissements.

Grâce au crowdfunding, les particuliers peuvent diversifier leur portefeuille en investissant à partir de quelques centaines d’euros. En 2022, le crowdfunding equity en France a collecté près de 200 millions d’euros, selon l’Association Financement Participatif France (FPF). Ce mode d’investissement démocratise l’accès au private equity, bien que les risques de perte en capital restent élevés.

Maîtriser les risques et optimiser sa stratégie en private equity

Si le private equity offre des perspectives de rendements attractifs, il s’accompagne également de risques spécifiques qu’il est essentiel de comprendre et de maîtriser.

Les risques inhérents aux investissements en private equity

— Risque de liquidité : Les investissements en private equity sont illiquides. Les fonds sont immobilisés pour une durée pouvant aller jusqu’à 10 ans. Il est donc crucial de n’investir que des capitaux dont on n’a pas besoin à court ou moyen terme.

– Risque de perte en capital: Les entreprises non cotées présentent un risque plus élevé de défaillance. Selon une étude de Harvard Business School, environ 75 % des startups financées par du venture capital ne remboursent pas intégralement les investisseurs.

– Risque opérationnel : Les performances des entreprises peuvent être affectées par des facteurs internes (gestion, stratégie) ou externes (conjoncture économique, réglementation).

Les stratégies pour gérer et réduire les risques

-Diversification : Investir dans plusieurs entreprises ou fonds permet de limiter l’impact négatif d’une éventuelle défaillance. La diversification géographique et sectorielle est également recommandée.

– Analyse approfondie : Avant d’investir, il est important d’effectuer une due diligence rigoureuse pour évaluer les perspectives de l’entreprise, la qualité de son management et la cohérence de son business plan.

– Accompagnement professionnel : Faire appel à des experts ou des sociétés de gestion expérimentées augmente les chances de succès. Ces professionnels disposent des compétences nécessaires pour sélectionner les meilleures opportunités et accompagner les entreprises vers la réussite.

Les opportunités et avantages du private equity

Malgré les risques, le private equity présente des avantages notables :

– Potentiel de rendements élevés : Historiquement, le private equity a surpassé les rendements des marchés publics. Selon Cambridge Associates, les fonds mondiaux de private equity ont généré un rendement annuel moyen de 13 % sur les 20 dernières années.

Diversification du portefeuille : Intégrer du private equity permet de diversifier ses investissements et de réduire la corrélation avec les marchés boursiers traditionnels.

– Impact économique et social : En investissant dans des entreprises non cotées, les investisseurs contribuent directement au développement économique, à la création d’emplois et à l’innovation.

Les étapes essentielles pour se lancer efficacement dans le private equity

Pour les investisseurs souhaitant se lancer dans le private equity, une approche méthodique est indispensable.

1. Se former et s’informer sur le secteur : Comprendre les mécanismes du private equity, les tendances du marché et les différents acteurs est primordial. Des ressources en ligne, des formations spécialisées ou des conférences peuvent aider à acquérir ces connaissances.

2. Évaluer son appétit pour le risque: Le private equity comporte des risques importants. Il est essentiel de déterminer sa tolérance au risque et de n’investir qu’une partie appropriée de son patrimoine.

3. Définir sa stratégie financière : Fixer un budget d’investissement, un horizon temporel et des objectifs clairs permet de guider ses choix. Il est recommandé de consulter un conseiller financier pour élaborer une stratégie adaptée à sa situation.

4. Choisir le mode d’investissement adapté : En fonction de ses ressources et de ses objectifs, l’investisseur pourra opter pour l’investissement direct, les fonds spécialisés, les FIP/FCPI/FCPR, les sociétés cotées ou le crowdfunding.

5. Sélectionner les fonds ou les entreprises : Une analyse approfondie des opportunités d’investissement est nécessaire. Il convient d’examiner les performances passées, la stratégie, les frais et la transparence des informations fournies.

6. Suivre et gérer ses investissements : Une fois investi, il est important de suivre régulièrement la performance de ses investissements et de rester informé des évolutions du marché.

En adoptant cette approche, les investisseurs augmentent leurs chances de réussir dans le private equity et de tirer parti des opportunités offertes par ce secteur dynamique.