En 2024, les ménages français reflètent des mutations majeures dans la composition de leur patrimoine. La recherche de stabilité économique, combinée à des politiques publiques adaptées, influence leurs comportements d’épargne et d’investissement. Ces évolutions traduisent une restructuration de la répartition entre actifs financiers et immobiliers, mais également une attention accrue à l’optimisation patrimoniale selon l’âge et la catégorie socioprofessionnelle. L’objectif est clair : anticiper les incertitudes, tout en bénéficiant des opportunités qu’offre le marché. L’examen des tendances nous offre un aperçu non seulement des possessions matérielles mais aussi des orientations stratégiques des ménages quant à leur avenir économique.
Sommaire
Les actifs financiers : des priorités en pleine recomposition
Les actifs financiers continuent de représenter une part importante du patrimoine des ménages français. Selon l’Insee, en 2024, près de 70 % des ménages détiennent des produits financiers, qu’il s’agisse de livrets A, d’assurances-vie ou de placements diversifiés. L’assurance-vie reste le produit phare, attirant une part grandissante des épargnants grâce à son rendement stable et son cadre fiscal avantageux. À la fin 2023, les encours atteignaient environ 1 900 milliards d’euros, selon les données de la Fédération Française de l’Assurance.
Cependant, l’essor de l’épargne retraite marque une véritable redéfinition des priorités financières. En réponse aux incertitudes liées au système de retraite, les masses cumulées dans les plans épargne retraite (PER) ont bondi. En seulement trois ans, près de 6 millions de Français ont souscrit à un PER, selon les chiffres de 2023. Ce mouvement témoigne d’une volonté accrue de préparer l’avenir face aux risques d’instabilité du système actuel. Par contraste, l’épargne logement connaît un recul significatif, notamment avec un effondrement des souscriptions au Plan Épargne Logement (PEL). Une fiscalité revue à la hausse et des rendements peu compétitifs sont les principales causes de cette désaffection.
Immobilier : un actif toujours plébiscité, malgré des vents contraires
Malgré des contraintes de marché, l’immobilier reste un pilier essentiel du patrimoine des Français. En 2024, environ 58 % des ménages possédaient leur résidence principale, un chiffre stable par rapport aux années précédentes, selon le Crédit Foncier. L’attrait pour la pierre persiste en raison de sa solidité en tant que valeur refuge. Les bas taux d’intérêt des dernières décennies ont permis à de nombreux ménages d’accéder à la propriété, mais ce contexte favorable évolue.
Depuis 2022, une hausse progressive des taux d’emprunt complique les nouveaux projets immobiliers. À titre d’exemple, le taux moyen sur 20 ans s’établit à 3,25 % début 2024, contre seulement 1,20 % en 2021. Cette évolution a réduit l’accès au crédit, surtout pour les ménages modestes. Par ailleurs, les évolutions réglementaires sur la rénovation énergétique, comme l’interdiction progressive de la location des passoires thermiques, imposent des investissements lourds. Ces contraintes pèsent sur les décisions d’acquisition ou de gestion locative.
Les investisseurs immobiliers s’adaptent en privilégiant les marchés régionaux avec de meilleurs rendements locatifs, ou en explorant les niches fiscales comme le dispositif Pinel. À l’inverse, les grandes métropoles, autrefois prisées, perdent de leur éclat en raison des prix élevés et du coût de la vie.
La variabilité selon l’âge et la catégorie socioprofessionnelle
L’analyse des patrimoines met en lumière d’importantes disparités liées à l’âge et au statut professionnel. Les jeunes ménages (moins de 30 ans), davantage endettés, privilégient les investissements à court terme et commencent leur accumulation patrimoniale par des actifs financiers. En revanche, les ménages d’âge intermédiaire (30-60 ans) concentrent la majorité des investissements immobiliers et constituent des bas de laine pour leur retraite.
Chez les seniors, la tendance est au désendettement et à l’organisation de la transmission. En effet, les actifs immobiliers sont souvent consolidés, avec un intérêt accru pour les produits financiers liquides. La donation anticipée ou l’investissement dans des véhicules financiers dédiés à la succession devient alors une priorité.
Du côté des indépendants, on observe une différence marquée, avec un patrimoine professionnel plus fréquent. Ces actifs, directement liés à l’activité entrepreneuriale, représentent jusqu’à 20 % de leur patrimoine global, selon une étude de Natixis. Cet aspect est contrasté chez les salariés, pour qui le patrimoine se concentre majoritairement dans l’immobilier résidentiel et les produits d’épargne classique.
Tendances et perspectives : vers une patrimonialisation plus réfléchie
Les tendances observées montrent une patrimonialisation de plus en plus réfléchie des ménages français. Face aux défis économiques et écologiques, les décisions d’investissements tendent à s’aligner sur des logiques de sécurisation et d’optimisation.
Ainsi, les ménages adaptent leurs stratégies aux mutations du marché. Les orientations vers des placements durables, responsables et à impact s’accentuent. Par exemple, les fonds ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) ont vu leurs encours croître de 43 % en Europe en 2022, une tendance qui se confirme en 2024. Ces produits permettent d’allier rendement et engagement éthique, répondant à une nouvelle génération d’épargnants plus soucieux des impacts de leurs choix.
Enfin, la diversification reste au cœur des stratégies patrimoniales. Associer immobilier, finance et épargne sécurisée apparaît comme la clé pour maximiser les rendements tout en réduisant les risques. Dans un avenir incertain, où la réforme des retraites ou les fluctuations des marchés immobiliers continuent de susciter des interrogations, les ménages misent sur une vision à long terme, plus résiliente. Ils cherchent à s’adapter, tout en restant acteurs de leur futur épargne.