2023 :Une année clé pour la gestion d’actifs en France

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En 2023, la gestion d’actifs en France se stabilise tout en marquant des évolutions significatives. Ce secteur stratégique de la finance mondiale regroupe les activités des sociétés dédiées à la gestion des portefeuilles d’investissements, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Les chiffres publiés par l’Autorité des marchés financiers (AMF) mettent en lumière des dynamiques complexes : une stabilité apparente dans le nombre de sociétés, mais des changements notables dans leur structure, leurs performances et leurs mécanismes de conformité.

Dans un contexte global marqué par l’inflation élevée, la montée des taux d’intérêt et des incertitudes géopolitiques, l’industrie française a montré une résilience impressionnante. Elle est cependant confrontée à de nouveaux défis : renforcement des exigences réglementaires, adaptations aux clientèles, et intégration massive des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et Gouvernance). Revenons en détail sur les principales évolutions qui marquent le paysage de la gestion d’actifs en France.

Profil des sociétés de gestion : stabilité et diversité

Les données recueillies par l’AMF indiquent qu’en 2023, le nombre de sociétés de gestion agréées s’est stabilisé, tournant autour de 650 entités. Cette stabilité reflète une maturation du marché où de nombreux acteurs ont trouvé leur place, qu’ils soient petits gestionnaires indépendants ou filiales de grands groupes financiers. Cette diversité fait toute la richesse du secteur français.

En termes de structure, une majorité de ces sociétés se présentent sous un modèle d’actionnariat concentré. Près de 60 % des gestionnaires sont détenus par des groupes bancaires ou d’assurances, tandis que les structures indépendantes contribuent largement à dynamiser l’innovation. La moyenne d’ancienneté des sociétés s’établit à environ 15 ans, mais on constate l’apparition régulière de nouveaux acteurs, souvent spécialisés dans des niches comme les fonds verts ou la gestion quantitative.

S’agissant des effectifs, les sociétés de gestion employaient en moyenne 15 collaborateurs en 2023. Les recrutements sont principalement orientés vers deux domaines : la gestion des risques et les expertises ESG. L’intégration des normes ESG est d’ailleurs devenue un élément incontournable, dictée par des attentes accrues des investisseurs et un cadre législatif de plus en plus précis.

Évolution des actifs sous gestion en 2023

Les actifs sous gestion montrent une certaine stabilité malgré les soubresauts économiques et financiers. À fin 2023, le montant global des actifs sous gestion en France est estimé à plus de 4 500 milliards d’euros, répartis entre la gestion collective (fonds d’investissement) et la gestion sous mandat (portefeuilles individuels).

La gestion collective reste la pierre angulaire du secteur, représentant environ 70 % de ces actifs. Parmi les types de fonds, les fonds obligataires et monétaires ont connu un regain d’intérêt, porté par la remontée des taux. Dans le même temps, les fonds actions ont souffert d’une volatilité accrue, affectant les flux entrants. Une catégorie en pleine expansion est celle des fonds ESG, qui ont enregistré une croissance annuelle à deux chiffres, traduisant une forte sensibilisation des investisseurs aux enjeux environnementaux et sociaux.

Pour la gestion sous mandat, qui représente 30 % des actifs, la transparence est devenue un enjeu clé. Les clients exigent un suivi détaillé de leurs performances et une meilleure compréhension des frais, menant à une sophistication accrue des outils de reporting.

Les statistiques montrent également une disparité marquée entre grandes et petites sociétés de gestion. Les grands gestionnaires captent près de 80 % des actifs totaux, tandis que les petites structures peinent parfois à croître. Cependant, celles-ci se différencient par leur agilité, explorant des segments innovants pour se démarquer.

L’importance stratégique du contrôle et de la conformité

En 2023, les exigences réglementaires se sont encore accentuées. Le rapport de l’AMF met en avant une forte focalisation sur la conformité et la gestion des risques, devenues des dimensions centrales au bon fonctionnement des sociétés de gestion.

Pour garantir une transparence accrue, la réglementation impose désormais une surveillance renforcée à plusieurs niveaux : gestion du risque opérationnel, respect des objectifs ESG et encadrement des conflits d’intérêts. Ces impératifs se traduisent par une hausse des coûts pour les sociétés de gestion, qui investissent massivement dans des outils technologiques et de nouvelles expertises. Selon une estimation, les dépenses liées à la conformité ont augmenté de 5 % en 2023 par rapport à l’année précédente.

Par ailleurs, une attention particulière a été portée aux fonds propres des gestionnaires, élément crucial pour leur stabilité financière. L’AMF souligne des disparités significatives selon les tailles et spécialisations des acteurs. Pour les grandes sociétés, les fonds propres moyens atteignent un niveau confortable, souvent au-delà des minimums réglementaires. À l’inverse, certaines petites structures montrent des fragilités, nécessitant des ajustements pour répondre aux exigences légales.

Les défis et perspectives d’un secteur en mutation

Le maintien de la stabilité du secteur dépendra de sa capacité à relever plusieurs défis. Parmi eux, l’adoption complète des normes ESG constitue un enjeu central. Les fonds labellisés ESG représentent désormais 23 % des actifs totaux, mais cette proportion est appelée à croître à mesure que les attentes sociétales et réglementaires s’intensifient.

Un autre défi réside dans la digitalisation. De nombreuses sociétés investissent dans des plateformes en ligne pour répondre à une demande croissante d’outils de gestion automatisés. Ces innovations visent également à atteindre les jeunes investisseurs, friands d’une expérience utilisateur fluide et personnalisée.

En parallèle, la recherche de rentabilité reste fondamentale. La pression concurrentielle oblige les gestionnaires à maîtriser leurs coûts tout en continuant à innover. Cette quête d’équilibre se traduit par l’exploration de nouveaux segments, tels que les cryptoactifs ou les fonds alternatifs, bien que ces marchés émergents soient encore peu régulés.

Enfin, un élément crucial pour la pérennité du secteur réside dans une meilleure éducation des investisseurs. La vulgarisation des mécanismes financiers et la transparence sur les frais contribueront fortement à restaurer la confiance du public, indispensable dans un climat où les incertitudes économiques restent omniprésentes.

Conclusion : une industrie sous tension, mais résiliente

La gestion d’actifs en France a démontré une robustesse remarquable face à un environnement complexe. En 2023, malgré les vents contraires, elle a continué d’évoluer, portée par son adaptabilité et sa diversité. Cependant, le secteur n’est pas exempt de défis. Les exigences réglementaires, les mutations technologiques et l’évolution des attentes des investisseurs nécessitent une transformation continue.

Bien que les grandes sociétés dominent en termes d’actifs, les petites structures jouent un rôle déterminant dans l’innovation. En misant sur des segments porteurs comme l’ESG et la digitalisation, la gestion d’actifs hexagonale est en bonne voie pour s’imposer durablement sur la scène internationale.