L’économie française en janvier 2025 : analyse des tendances et perspectives pour février

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Croissance hésitante dans un contexte d’incertitudes

L’économie française fait face à des vents contraires en ce début d’année 2025. Selon l’enquête de conjoncture mensuelle de la Banque de France, la progression de l’activité reste marquée par des fragilités sectorielles et un contexte politique incertain. Les données collectées auprès de 8 500 entreprises actives dans l’industrie, le bâtiment et les services marchands dessinent une reprise modeste. Le produit intérieur brut (PIB) ne devrait croître que de 0,1% à 0,2% au premier trimestre. Cette performance modérée reflète les tensions mondiales, les coûts de production toujours élevés, et les défis persistants sur le marché du travail.

Industrie : production en hausse, mais tensions sur les stocks

Dans le secteur industriel, légers signes de reprise apparaissent, mais ils restent fragiles. La production a connu une légère hausse en janvier, portée par l’aéronautique, la chimie et l’équipement automobile. Cependant, les niveaux de stocks jugés parfois excessifs pèsent sur certaines filières, notamment dans les biens de consommation. À titre d’exemple, près de 42% des entreprises interrogées signalent un ralentissement de leurs carnets de commandes. La demande internationale, freinée par une baisse des importations chinoises et les incertitudes sur les chaînes d’approvisionnement, accentue ces pressions.

Dans le même temps, la pression sur les coûts de production reste élevée. Les prix des matières premières et de l’énergie, bien qu’en diminution par rapport aux pics de 2024, sont encore supérieurs à leur moyenne historique. Par ailleurs, les entreprises signalent des contraintes supplémentaires liées aux investissements indispensables pour répondre aux objectifs climatiques européens.

Secteur du bâtiment : ralentissement malgré la demande en infrastructure verte

Le secteur de la construction, un pilier traditionnel de l’économie française, montre des signes d’essoufflement. En janvier, l’activité a stagné, particulièrement dans le segment résidentiel. Les entreprises du bâtiment signalent un recul des nouvelles commandes, notamment en logements neufs, où la combinaison de la hausse des taux d’intérêt et des coûts élevés des matériaux freine les projets.

Cependant, un moteur alternatif émerge. Les investissements dans les infrastructures durables et les rénovations énergétiques progressent, soutenus par le Plan Climat 2030 et de nouvelles subventions européennes. Malgré cette lueur d’espoir, les entreprises peinent à recruter. Près de 60% déclarent faire face à des difficultés importantes de main-d’œuvre qualifiée, ralentissant ainsi la mise en œuvre des chantiers.

Services marchands : des disparités marquées

Le secteur des services marchands, représentant une part prépondérante du PIB, affiche une croissance modérée en janvier. La demande intérieure a soutenu les activités liées à l’hôtellerie-restauration et aux loisirs, tandis que les entreprises de conseil et de technologies ont bénéficié de la transformation numérique des organisations. Toutefois, les disparités restent importantes.

Les services aux entreprises, bien que positifs dans l’ensemble, subissent un ralentissement des commandes émanant des industries manufacturières en difficulté. Parallèlement, les entreprises du transport signalent un recul de leurs marges, conséquence de l’affaiblissement des échanges internationaux. Les professionnels s’accordent sur une montée des incertitudes liée au manque de visibilité politique et à la progression plus lente que prévue des réformes économiques.

Recrutement et niveau des prix : des défis persistants

Les tensions sur le marché de l’emploi continuent de mettre les entreprises à rude épreuve. Trois entreprises sur cinq signalent des postes vacants qu’elles n’ont pu pourvoir en raison de pénuries de compétences. Les difficultés de recrutement concernent particulièrement les secteurs techniques, tels que l’ingénierie et l’informatique, mais aussi les métiers manuels dans le bâtiment.

En parallèle, les pressions inflationnistes restent sensibles. Bien que la hausse des prix ait ralenti par rapport à 2024, notamment dans l’alimentation, nombre de services continuent de répercuter des augmentations tarifaires pour compenser les coûts opérationnels. Cela réduit la capacité d’achat des ménages et pourrait limiter la consommation dans les mois à venir. Les perspectives à court terme pour février confirment une croissance plus modérée, signalant encore des zones d’ombres pour la reprise complète de l’économie.

Conclusion : un lent redressement à sécuriser

Alors que la Banque de France anticipe une croissance marginale de 0,1% à 0,2% au premier trimestre 2025, les défis structurels restent nombreux. Le climat économique du pays dépendra de plusieurs facteurs clés : l’évolution des pressions sur les coûts, la capacité à stabiliser l’emploi et la conjoncture internationale. Les réformes promises pour renforcer la compétitivité française et améliorer le dialogue social seront cruciales pour donner au tissu économique les marges de manœuvre nécessaires.