Retraite et longévité : 80 % des retraités vivront plus longtemps, comment anticiper ?

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L’espérance de vie ne cesse de progresser. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un individu sur deux né aujourd’hui en France atteindra 90 ans. Cette tendance modifie profondément la gestion de la retraite : les pensions doivent couvrir une période bien plus longue qu’auparavant. Pourtant, de nombreux retraités sous-estiment cette dimension dans leur planification financière.

D’après une étude de l’INSEE, l’espérance de vie à 65 ans était de 18 ans pour les hommes et 22 ans pour les femmes en 2000. Aujourd’hui, ces chiffres atteignent respectivement 20 et 24 ans, et cette tendance devrait se poursuivre. Cette longévité accrue génère plusieurs défis financiers : comment s’assurer d’avoir suffisamment d’épargne pour subvenir à ses besoins jusqu’à un âge avancé ? Quels choix stratégiques adopter pour préserver son pouvoir d’achat face à l’inflation et aux coûts croissants des soins de santé ?

Prendre en compte le risque de longévité dans sa retraite

Le risque de longévité, ou la probabilité de vivre plus longtemps que la durée prévue de ses ressources financières, constitue une problématique majeure pour les retraités. Selon une étude de Mercer en 2023, 60 % des retraités sous-estiment leur espérance de vie et risquent d’épuiser leur épargne bien avant leur décès.

Projection de durée de retraite en fonction de l’espérance de vie
En 1970, une personne partant à la retraite à 65 ans avait une espérance d’environ 12 ans supplémentaire. Aujourd’hui, cette durée avoisine 21 ans, voire davantage pour certaines populations. Par conséquent, la préparation financière doit prévoir au moins deux décennies sans revenus professionnels.

L’influence des pensions par répartition
En France, le système de retraite repose sur la répartition, où les actifs financent les pensions des retraités. Mais avec le vieillissement de la population, le rapport cotisants/retraités diminue, rendant les réformes nécessaires. L’âge légal de départ à la retraite a reculé, et la nécessité d’une épargne complémentaire devient incontournable pour maintenir un niveau de vie confortable.

Optimiser la durée de son capital
Un élément clé de la planification est le taux de prélèvement annuel sur l’épargne. La règle des « 4 % » souvent citée – prélever 4 % de son capital chaque année – est mise à mal par la longévité accrue. Des experts recommandent plutôt un taux de 3 % afin d’éviter un épuisement prématuré des ressources.

Stratégies d’investissement adaptées pour une retraite longue

Investir judicieusement permet d’amortir l’impact de l’inflation et de maximiser ses revenus à la retraite. Les seniors doivent envisager des placements adaptés à leur horizon de placement et à leur profil de risque.

Investissements en actions et obligations
Un portefeuille diversifié combinant actions et obligations peut garantir des revenus réguliers tout en offrant des perspectives de croissance. Contrairement aux idées reçues, l’investissement en actions reste pertinent même après la retraite, notamment via des fonds à dividendes qui assurent un complément de revenus.

– Les obligations souveraines ou d’entreprises offrent un rendement stable avec un degré de risque modéré.
– Les fonds diversifiés à horizon, adaptés au vieillissement, rééquilibrent progressivement l’allocation entre actions et obligations.

Immobilier et revenus locatifs
L’immobilier locatif constitue une autre source de revenus fiable, notamment via les investissements en résidences seniors ou en SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier). Ces options permettent de garantir des rentes mensuelles et de bénéficier d’un actif tangible.

L’assurance-vie comme outil de planification
L’assurance-vie est un placement clé pour financer la retraite. Avec une fiscalité allégée après 8 ans de détention, elle offre des avantages en termes de transmission et permet d’adapter la répartition entre fonds en euros sécurisés et unités de compte plus dynamiques.

Anticiper les coûts croissants des soins de santé

Le vieillissement s’accompagne d’une augmentation significative des dépenses de santé. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), les dépenses de santé des seniors représentent près de 60 % des coûts totaux de l’Assurance Maladie.

Prévoir une complémentaire santé adaptée
Les mutuelles pour seniors deviennent essentielles pour couvrir les frais non remboursés par l’Assurance Maladie. Une couverture adaptée doit inclure :
– Les soins dentaires et optiques, majoritairement à la charge des assurés.
– Les consultations spécialisées plus fréquentes avec l’âge.
– L’hospitalisation et la dépendance, souvent sous-estimées.

Epargne santé et prévoyance
L’ouverture d’un compte dédié aux dépenses médicales peut aider à anticiper ces coûts croissants. Certains dispositifs, comme le Plan Épargne Retraite, autorisent l’utilisation des fonds pour couvrir des dépenses de santé en cas de dépendance.

Gérer ses dépenses et optimiser son budget à la retraite

Un budget bien structuré aide à préserver son indépendance financière sur le long terme, tout en anticipant les imprévus.

Réduction des dépenses fixes
– Adapter son logement peut compenser certains coûts. Le passage à une résidence plus petite permet, par exemple, d’alléger les charges.
– Réduire les abonnements et dépenses superflues (assurances en doublon, voitures inutilisées, etc.) optimise le budget.

Maximiser les aides disponibles
Les seniors peuvent prétendre à divers dispositifs d’aides financières :
– L’Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) pour les retraités modestes.
– Des subventions pour l’adaptation du logement au vieillissement.
– Des aides locales pour le transport, les loisirs ou la santé.

Transmission et succession
Anticiper la transmission de son patrimoine permet de réduire les droits de succession et d’optimiser la gestion des actifs à long terme. Des donations régulières, l’assurance-vie ou l’investissement en démembrement sont des solutions efficaces pour optimiser la gestion patrimoniale.

L’allongement de l’espérance de vie exige une planification financière rigoureuse pour assurer sa tranquillité à la retraite. La diversification des placements, l’optimisation des retraits et une anticipation des coûts futurs permettent d’adapter ses finances à une vie plus longue tout en conservant un cadre de vie confortable.