Patrimoine Numérique : Comment S’assurer Que Ces Actifs Numériques Seront Transmis à Ses Héritiers ?

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un gros plan d'un robot

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À l’heure où nos vies se dématérialisent, notre patrimoine aussi. Cryptomonnaies, NFTs, comptes bancaires en ligne, fichiers stockés dans le cloud, droits d’auteur sur des créations numériques… Ces actifs, souvent invisibles mais parfois très précieux, représentent un nouveau défi en matière de transmission. Comment s’assurer que ces biens numériques seront transmis à nos héritiers ? Tour d’horizon des stratégies à adopter pour ne pas laisser son patrimoine numérique dans les limbes du web.

Un patrimoine invisible mais bien réel

Selon une étude récente, près de 60 % des Français possèdent des actifs numériques, qu’il s’agisse de cryptomonnaies, de fichiers personnels stockés en ligne ou de comptes sur des plateformes diverses. Pourtant, peu d’entre eux ont anticipé la transmission de ces biens. « Beaucoup de gens ne réalisent pas que leurs actifs numériques ont une valeur, qu’elle soit financière ou sentimentale », explique Marie Dupont, notaire spécialisée en droit numérique. « Sans une planification adéquate, ces actifs risquent de se perdre à jamais. »

Le cas des cryptomonnaies est particulièrement emblématique. On estime que près de 20 % des bitcoins en circulation sont aujourd’hui inaccessibles, souvent parce que leurs propriétaires ont emporté leurs clés privées dans la tombe. « Une clé privée perdue, c’est un actif perdu », résume Jean-Luc Martin, expert en blockchain. « Il n’y a pas de recours possible. »

Les étapes clés pour une transmission réussie

1. Identifier et inventorier ses actifs numériques

La première étape consiste à dresser une liste exhaustive de tous ses actifs numériques. Cela inclut les comptes bancaires en ligne, les portefeuilles de cryptomonnaies, les fichiers stockés dans le cloud, les abonnements, les droits d’auteur, et même les comptes sur les réseaux sociaux. « Il est essentiel de tout recenser, même ce qui semble anodin », conseille Marie Dupont.

2. Sécuriser les informations d’accès

Les identifiants, mots de passe et clés privées doivent être stockés de manière sécurisée. Les gestionnaires de mots de passe chiffrés sont une solution pratique, mais il est également possible de conserver ces informations dans un coffre-fort physique ou chez un notaire. « L’important est que les héritiers puissent y accéder en cas de besoin », précise Jean-Luc Martin.

3. Intégrer les actifs numériques dans son testament

Un testament peut inclure des clauses spécifiques pour la transmission des actifs numériques. Il est également possible de créer un document annexe, conservé chez un notaire, qui détaille les informations d’accès. « Attention à ne pas divulguer ces informations dans le testament lui-même, qui est un document public », met en garde Marie Dupont.

4. Utiliser des outils de gestion post-mortem

Certaines plateformes, comme Google ou Facebook, proposent des fonctionnalités pour désigner un « contact légitime » qui pourra gérer les comptes après le décès. Des services spécialisés, comme Legacy Locker, permettent également de stocker et de transmettre des informations sensibles de manière sécurisée.

Les pièges à éviter

La transmission d’un patrimoine numérique n’est pas sans écueils. Les conditions d’utilisation des plateformes peuvent limiter les possibilités de transmission. Par exemple, certains comptes en ligne sont strictement personnels et ne peuvent être transférés. De même, les cryptomonnaies et les NFTs, bien que décentralisés, nécessitent une gestion rigoureuse des clés privées.

« Le plus grand risque, c’est l’oubli », souligne Jean-Luc Martin. « Beaucoup de gens ne pensent pas à inclure leurs actifs numériques dans leur planification successorale, et ces actifs finissent par être perdus. »

L’importance de l’éducation et de la sensibilisation

Pour éviter ces écueils, il est crucial de sensibiliser les héritiers à la gestion des actifs numériques. « Les jeunes générations sont souvent plus à l’aise avec ces technologies, mais il est important de leur fournir des instructions claires », explique Marie Dupont. « Dans certains cas, il peut être utile de désigner un expert pour les accompagner. »


Anticiper pour ne rien perdre

À l’ère du tout numérique, la transmission du patrimoine ne se limite plus aux biens matériels. Les actifs numériques, bien qu’immatériels, ont une valeur bien réelle et méritent d’être intégrés dans toute planification successorale. En identifiant ses actifs, en sécurisant les informations d’accès et en anticipant les démarches légales, il est possible de s’assurer que ce patrimoine sera transmis selon ses volontés.

« La gestion du patrimoine numérique est encore un domaine en évolution, mais une chose est sûre : ceux qui anticipent seront les mieux protégés », conclut Marie Dupont. Alors, et vous, avez-vous pensé à votre patrimoine numérique ?