Les Conquérants de l’Agriculture : Investir dans l’Agriculture Durable en 2023

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Une transformation nécessaire dans un secteur clé

Dans un contexte mondial marqué par le changement climatique, la croissance démographique et la raréfaction des ressources naturelles, l’agriculture se trouve au cœur des préoccupations économiques et environnementales. Selon la FAO, d’ici 2050, il sera nécessaire d’augmenter la production alimentaire de 60 % pour répondre à la demande croissante d’une population mondiale estimée à 9,7 milliards d’habitants. Cependant, augmenter cette production ne suffira pas. Il faut également veiller à la préserver et à la rendre durable. Dans des pays comme le Maroc, où l’agriculture représente environ 13 % du PIB et emploie près de 40 % de la population active, le défi est d’autant plus critique.

Cette dynamique a entraîné une prise de conscience collective : l’agriculture doit évoluer pour concilier productivité et respect de l’environnement. Cela implique des investissements stratégiques, intensifs et bien orientés. À l’instar du Maroc avec son ambitieux Plan Maroc Vert (PMV) et sa récente stratégie Génération Green, les pays en développement explorent les moyens de faire de leur secteur agricole un levier de croissance économique tout en favorisant la durabilité écologique.

 Maroc : un modèle de gouvernance agricole tournée vers l’avenir

Des initiatives porteuses grâce au Plan Maroc Vert

Lancé en 2008 et poursuivi jusqu’en 2020, le Plan Maroc Vert (PMV) visait à transformer fondamentalement l’agriculture marocaine. Avec des investissements cumulés de 118,4 milliards de dirhams (dont 60 % provenant du secteur privé), le PMV a permis de concentrer des efforts significatifs sur l’amélioration de la productivité, l’optimisation de l’utilisation des ressources naturelles et le renforcement des filières agricoles. Prolongée par la stratégie Génération Green, cette politique agricole ambitionne d’atteindre la durabilité environnementale tout en renforçant l’impact social de l’agriculture.

Un levier clé du PMV a été le Fonds de Développement Agricole (FDA), qui a distribué pas moins de 29,8 milliards de dirhams en incitations financières de 2008 à 2019. Ces incitations, soigneusement ciblées, ont soutenu des domaines cruciaux :

– L’amélioration de l’efficacité hydrique via des systèmes d’irrigation modernes (50 % des fonds)
– La mécanisation et l’équipement agricole (18 %)
– Le développement des filières animales (12 %)
– L’extension des vergers et l’utilisation de semences sélectionnées (14 % au total)

Les résultats sont parlants : chaque dirham de subvention versée par le FDA a généré 2,3 dirhams d’investissements supplémentaires. Ce mécanisme a donc produit un effet multiplicateur, favorisant non seulement l’investissement privé mais aussi une meilleure compétitivité du secteur agricole marocain.

L’importance croissante des infrastructures agricoles

Le PMV n’a pas seulement misé sur des projets innovants pour dynamiser l’offre agricole. Des investissements publics massifs ont été affectés à l’amélioration des infrastructures agricoles, avec un montant cumulé de 47 milliards de dirhams entre 2008 et 2019. Ces financements ont notamment permis de développer les capacités d’irrigation, de construire des installations de stockage modernes et d’encourager l’agriculture solidaire.

Le budget alloué à l’agriculture ne cesse d’augmenter. Entre 2008 et 2019, les ressources dédiées au secteur par le Budget Général de l’État (BGE) ont atteint 81 milliards de dirhams, avec un taux de croissance annuel moyen de 10 %. Ces efforts attestent de l’engagement croissant du gouvernement marocain pour renforcer la résilience de son secteur agricole face aux chocs climatiques à répétition.

Les enjeux des investissements agricoles mondiaux

L’état des lieux dans les pays en développement

Si le Maroc constitue un modèle intéressant, il n’est cependant pas isolé dans ses ambitions. L’agriculture figure parmi les secteurs les plus dynamiques en matière d’investissements, notamment dans les économies émergentes. Selon la FAO, les pays en développement investissent annuellement environ 77 milliards de dollars dans leur secteur agricole.

Ces fonds se répartissent en deux grandes catégories :
– 26 milliards de dollars pour augmenter la capacité de production agricole, grâce à des projets tels que la mise en valeur de nouvelles terres arables ou la mécanisation de l’agriculture.
– 51 milliards de dollars pour maintenir la capacité de production existante, via l’amélioration des infrastructures (irrigation, transports, stockage) et les services publics de soutien.

La diversification des investissements est une tendance marquée. L’accent est mis sur une combinaison d’approches technologiques et agroécologiques. Par exemple, dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, des initiatives ciblant l’irrigation durable ou la mécanisation intelligente voient le jour, soutenues par des ONG internationales et des bailleurs de fonds.

Le rôle crucial des partenaires internationaux

Les collaborations entre gouvernements, investisseurs privés et organisations internationales constituent un pilier de financement essentiel, notamment dans les régions plus vulnérables. Avec des enjeux aussi structurels que l’augmentation de la production alimentaire et la réduction de l’impact écologique, une approche concertée est nécessaire.

Ainsi, l’aide internationale aux pays en développement allouée au secteur agricole a progressé sur plusieurs décennies. Selon les estimations de l’OCDE, cette aide s’élevait à 16 milliards de dollars par an dans les années 2010, contre seulement 12 milliards de dollars dans les années 1980. Ces fonds sont destinés à financer des programmes multitâches : adaptation aux changements climatiques, renforcement des infrastructures agricoles et développement de chaînes de valeur locales.

 L’agriculture durable à l’épreuve des défis globaux

La durabilité au cœur des investissements innovants

Face aux pressions écologiques et sociales, l’agriculture durable est désormais une nécessité. Une étude conjointe de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) estime que 166 milliards de dollars d’investissements bruts seront nécessaires chaque année pour répondre à la demande alimentaire croissante tout en minimisant les impacts négatifs sur l’environnement.

Ces investissements devront être ventilés comme suit :
– 86 milliards de dollars pour augmenter la production primaire
– 43 milliards de dollars pour le développement des installations post-production (comme le stockage ou la transformation agroalimentaire)
– 37 milliards de dollars pour les infrastructures publiques qui soutiennent le secteur (irrigation, routes agricoles, systèmes de distribution).

Parmi les initiatives les plus prometteuses, on trouve les pratiques agroécologiques, comme l’agriculture de conservation ou l’usage d’engrais biologiques. Celles-ci permettent d’accroître la résilience des sols face aux stress hydriques répétés, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Exemples tangibles et impacts économiques

Au Maroc, des projets agricoles combinant irrigation au goutte-à-goutte et production biologique émergent, montrant comment la durabilité peut rimer avec rentabilité. Ces innovations permettent aux agriculteurs de réduire leur consommation d’eau de 40 % tout en augmentant leur rendement de 30 %. Ces résultats illustrent l’importance des technologies comme levier pour répondre aux défis climatiques.

Au niveau mondial, des modèles comme ceux développés au Brésil ou en Inde, où les technologies intelligentes (comme les drones agricoles ou l’irrigation de précision) sont employées à grande échelle, montrent la voie. Ils démontrent que la durabilité peut générer des bénéfices non seulement écologiques, mais également économiques.

Perspectives : investir pour un secteur stratégique

L’agriculture durable en 2023 ne se limite plus à une vision idéaliste : elle s’appuie sur des faits et des chiffres tangibles, prouvant qu’il est non seulement possible, mais nécessaire, de conjuguer respect de l’environnement et développement économique. Au Maroc comme ailleurs, l’ajustement concerté des politiques publiques, des investissements privés et de l’aide internationale montre que de tels objectifs sont réalisables.

Les défis sont encore nombreux, mais ils s’accompagnent aussi de nouveaux horizons d’innovation, d’inclusivité sociale et de résilience économique qui ne tarderont pas à remodeler le paysage agricole mondial.